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Souffrir pour être belle ! 4e et dernier épisode

Dernière mise à jour : 13 juil. 2023


*Amina est une jeune femme, qui voulais simplement qu'on lui fasse des tresses, des Knotless Braid. Elle s'était rendu dans un salon de la région parisienne pour cela, malgré les déceptions qu'elle avait déjà eues dans d'autres salons sur le traitement de son épaisse chevelure.


Attirée par les publication du salon sur Instagram, elle avait vu de supers commentaires et avait décidé de refaire confiance, remettre ses cheveux aux mains de coiffeuse dont on vente les mérites sur la toile. Je raconte cette expérience en épisodes pour ne pas te lasser d'un long roman. Si tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, je t'invite à lire les épisode 1, épisode 2 et épisode 3 avant de lire ce dernier épisode.


Amina ne s'attendait pas à ce qu'elle a vécu ce jour là. Même si elle ne devait pas espérer u miracle, ce fut un réel choc, un grand décalage entre les bons commentaires Instagram et sa réalité. En fait elle a vite compris que les bons commentaires ne concernaient que le résulta des tresses, pas le traitement bienveillant de la chevelure.


Maltraitance souffrance capillaire en salon de coiffure


Comme Amina, tou(te)s les client(e)s se faisaient sécher et détendre les cheveux, phase obligatoire avant les tresses.

Pendant cette opération, femmes et hommes découvraient ou redécouvraient le traitement de leurs cheveux, faits par des coiffeuses irrespectueuses de la nature des cheveux. Tractions à répétition, non considération, manque de douceur.

Comme Amina, toutes et tous grimaçaient lors du séchage des cheveux. Des visages se déformaient pour supporter l'insupportable.

Comme Amina, des fesses se décollaient du siège pour amortir les tractions capillaires.

Comme Amina, des visages tentaient désespérément de croiser le regard de la coiffeuse pour en tirer un peu d'humanité, souvent en vain.


De leurs cotés, les coiffeuses séchaient et étiraient, sans se soucier de l'effet sur la personne que l'on va coiffer. On aurait dit qu'il s'agissait de têtes à coiffer qui étaient là pour recevoir une prestation, que l'on pouvait tirer sans que le cuir chevelu n'aie de douleur.


Or ce sont bien des humains en chair et en os, qui sont traités sans une once d'humanité. Car tout cela se faisait à sec, sans protecteur de chaleur, sans douceur, sans produits hydratant. Le matin par exemple, au salon c'était une symphonie de fumée et d'odeur de cheveux cramés, dans une pièce sans fenêtre, joliment décorée. Et peu importait l'état du cheveu, il subissait le même traitement avant tresses.


C'est comme s'il était écrit quelque part en petites lettres - et que Amina et les autres client(e)s avaient vu - : "interdiction de se plaindre de tractions capillaires" ou "toute plainte liée à la maltraitance capillaire ne sera pas prise en compte" Alors à part les coiffeuses, qui occupaient l'espace physique et sonore, aucune bouche ne se déliait. En attendant avec patience la fin du supplice avec un résultat impeccable qui rendra le sourire. Que cela vaille la peine quand même de souffrir !


Ici on souffre physiquement et moralement en silence


En plus de la souffrance capillaire visible, les client(e)s subissaient une pression énorme.

  • Brouhaha permanent

On aurait dit que l'on était dans un marché. Les coiffeuses racontaient à haute voix les séries qu'elles regardent, parlaient des klash vus sur les réseaux sociaux, parlaient des punitions divines sur les pécheurs.

On avait droit à l'appel à la prière sur le téléphone d'une des coiffeuses, on avait droit aux discussions téléphoniques à rallonge, bref, trop de choses à dire.

Ce ne sont pas là des moments de détente, de chouchoutage que qu'on pourrait attendre d'un salon de coiffure digne de ce nom. Or les client(e)s restaient là, muet(e)s face à ce vacarme.


  • Critique de mes gestes

Une cliente peut-elle faire confiance à un salon lorsque les coiffeuses reprennent une autre coiffeuse en permanence : "fait comme ci, pas ça", "attends je te montre", "je vais t'aider", "trace d'abord comme ça" etc. La cliente doit se dire : "mais j'ai des apprentis sur ma tête ou quoi ! ? " Aura-t-elle confiance ?


C'est quoi le projet en fait ? Et pour quelle tranquillité, quelle confiance ? Même s'il y avait lieu de reprendre une collègue, ce n'est certainement pas devant un client. Cela s'appelle le professionnalisme.

  • Moquerie de certain(e)s client(e)s en présence d'autres client(e)s

Bien sûr on aura toujours à faire à des client(e)s parfois exigeant(e)s, de mauvaise humeur, difficiles et dont on peut parler en off, entre nous. Mais NON, on déballe tout devant les client(e)s.

D'ailleurs ce qui n'était en général pas le cas en ce qui concerne les clients qui arrivaient. La plupart était très conciliante, s'excusait toujours. En un mois, je n'ai pas vu une personne difficile, exigeante, irrespectueuse.

Mais les coiffeuse racontaient ce qu'il s’était passé hier, de la cliente qui avait dit ceci ou cela et qu'on a remis à sa place etc. Franchement quel niveau ! Pathétique !


C'est peut être ce qui explique qu'Amina et d'autres n'aient pas eu le courage de parler. Peur d'être jugée, peur que la coiffeuse se venge sur sa tête, peur que la coiffure ne convienne pas etc.

Honnêtement je suis cliente, je suis sûre qu'en partant de là, si j'ai ouvert ma bouche pour un mécontentement ou pour faire valoir mon droit, c'est sûr les prochaine moqueries seront pour moi.

Et tout se passe dans un silence absolu des client(e)s. Et même, ça aurait changé quoi ? On aurait dit que dans ce salon il n'y avait que des coiffeuse, pas de client(e)s. Pour elles il n'existe pas de professionnelles comme elle.


J'ignore si elles ont conscience de leur manque de professionnalisme. Il faudrait peut être les former et leur apprendre certaines règles de la relation, de l'expérience et du service clients.


Que devient Amina depuis son départ ?


Des semaines se sont passées après la énième déception d'Amina. J'ai fort pensé à elle et à toutes les personnes qui ont subit la maltraitance capillaire dans un salon sensé leur faire du bien.

Combien au total ? Depuis que j'y étais en moyenne 20 à 25 client(e)s venaient se faire tresser par jour dans ce salon. Plus de 250 client(e)s par mois pour toutes sorte de tresse. Nattes collées, fausse locks, braid etc. Pendant la période ou j'y ai travaillé, soit 1 mois, une seule cliente avait osé réclamer ses droits en tant que cliente. Bien-sûr, elle a eu droit à des moqueries dès son départ, devant les autres clientes. Quel professionnalisme !


Vous imaginez le nombre de personne qui comme Amina n'ont pas osé parler ? Pourtant nombreuses sont ces personnes supportaient Ces traitement maltraitant !

Je n'en voulais pas à Amina de n'avoir pas repris contact avec moi. Je comprenais sa déception. Entre temps, j'avais quitté le salon en question car leurs pratiques, leurs façons de faire, le manque de respect et de considération vis à vis des clients et vis à vis des collègues m'éprouvaient moi aussi, j'ai travaillé comme en apnée dans ce salon, j'en étais presque malade, puisque j'allais à l'inverse de mes valeurs, même si j'ai refusé de me plier à cela.

Bien entendu, je n'ai pas fait long feu chez eux. J'ai eu du mal à digérer ces pratique qui selon moi 'étaient en aucun cas professionnelles. En vérité je me suis faite virer. Mais ça c'est une autre histoire.


J'ai donc continué mes prestations d'auto entrepreneure, continué mes coaching à domicile, mes ateliers. Ma vie avait repris son cour et c'était très bien comme ça.


Au moment ou ne m'y attendais pas, j'ai reçu un message d'une connaissance d'Amina, Elle m'avait recommandé auprès d'une amie, puis un message de sa maman, des personnes qu'elle connaissait qui avaient été déçues par un salon. En quelques temps seulement j'avais embrassé une famille et quelques proches d'Amina. J'avais réalisé des tresses à 5 personnes de l'entourage d'Amina en l'espace de 2 semaines.

A ce jour, je n'ai pas encore coiffé Amina, mais je pense que cela ne saurait tarder. Car après que j'aie coiffé sa maman, c'est elle même qui m'a remercié encore et encore pour mon travail. Pour moi ce n'était que normal d'être professionnelle ! ET ça c'est le début d'une nouvelle aventure. Comme quoi, à quelque chose malheur est bon.


Que pense-tu de l'histoire d'Amina ?

J'ai tellement de chose à raconter sur mon expérience dans ce salon que je pourrais écrire un livre. Alors, si tu souhaites en savoir d'avantage, n'hésite pas à me poser des questions, je te répondrai avec grand plaisir.


Quelques conseils :

- prends soin de toi et de ta chevelure avec amour et bienveillance ;

- Ne laisse personne te les maltraiter ;

- refuse de "souffrir pour être belle."

Cela obligera les salons à s'adapter. Car ce n'est pas au clients de s'adapter, mais bien l'inverse. Alors n'acceptons pas d'inverser les rôles !


Ce récit est une histoire réellement vécue. Je l'ai écrit pour toutes les personnes que se font charcuter et maltraiter le cuir chevelu. ces personnes qui n'osent pas parler, dire non alors qu'elles souffrent. J'espère que tu fais partie de celles qui osent réclamer leur droit en tant que client.


*PS : le prénom de la cliente a été modifié pour garder l’anonymat de celle-ci.


A bientôt pour de nouvelle histoires.

Francine.

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