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Souffrir pour être belle ! Épisode 2

Dernière mise à jour : 10 juil. 2023


La semaine dernière je racontais l'histoire d'*Amina qui avait souffert en silence pendant qu'une coiffeuse lui séchait et étirait ses cheveux. Elle avait fondu en larme sans dire mot à la coiffeuse qui s'acharnait sur sa chevelure épaisse.

Si tu n'a pas encore lu cet épisode 1, je t'invite à le lire ICI, sinon tu ne comprendras pas la suite...


La coiffeuse a enfin remarqué que la cliente pleurait. Comment peut-on expliquer cela, cette inattention d'une personne sensée vous faire du bien, en tout cas vous rendre belle?


Manque de professionnalisme, ignorance ?


La question "Oh vous pleurez ?" dite à haute voix déjà, a forcément attiré l'attention des occupants du salon à ce moment. Coiffeuses et clientes. Tout le monde s'est évidemment retourné vers nous, pour voir la personne qui pleurait à cause d'un "sèche cheveux". Il y a eu des commentaires en fond de son, honnêtement, je ne saurais te détailler ce qu'il a été dit. Nous étions une dizaine dans le salon et ça chahutait. Moi même j'étais sous le choc. Car ce que je venais de voir m'ai resté en travers de la gorge. Cela fait longtemps que je n'avais pas vu une scènes pareille. En 2023 ? Non !


Des personnes non professionnelles qui ne font pas attention au confort, au bien être des personnes dont elles s'occupent. Au lieu que la coiffeuse s'excuse, c'est Amina qui a dû justifier ses pleurs en expliquant qu'elle était sensible du cuir chevelu, qu'elle avait mal etc. Limite elle en était désolée. Elle s'est faite petite. A-t-elle culpabilisé de pleurer ? s'est-elle sentie humiliée ? par cette question qui aurait pu être discrète ? J'ignorais à ce moment ce qu'elle ressentais. En tout cas pour moi c'est une cliente qui se justifie face à un non professionnel. Cette situation m'a mise vraiment mal à l'aise.


Bon... le plus pénible est derrière nous, les cheveux sont secs et étirés, réalisés par une personne qui ne maîtrise pas les cheveux afro naturels. Mais bon... La coiffeuse est une jeune femme de la trentaine, je penses. Elle a pris ses habitudes dans ce salons. Avec son ancienneté de 3 ans, elle séchait les cheveux, en plus, sans protecteur de chaleur et tressait à la chaine, il fallait faire vite. Peut-on parler de manque de professionnalisme ici ?


On ne peut pas en vouloir à une coiffeuse sans émotion, qui peut-être a vécu aussi des traitements capillaires maltraitants. Pour elle peut-être, cela est une situation normale. Elle n'a peut être connu que cela depuis son enfance jusqu'à l'age adulte ! ? Par ignorance, elle a appliqué ce qu'elle a toujours connu ! Manque de professionnalisme peut-être quant à la responsabilité du salon, qui n'a pas fait le nécessaire pour proposer d'autres manières de faire, d'autres méthodes de travail plus douces pour les client(e)s.

Est-elle d'ailleurs au courant de ces traitements ? En a-t-elle été victime aussi et ignore que l'on peut faire autrement ? Est-elle dans une démarche d'amélioration, du meilleur ? Je ne saurais répondre à ces questions qui me trottent encore dans la tête.


Et malgré tout cela, le salon ne désempli pas ! Comment peut-on expliquer cela ? J'ai ma petite idée mais bon, ce n'est pas le sujet ici. Même si le traitement laisse à désirer, en quittant le salon les client(e)s ont l'air satisfaits et reviennent. Quid du bien être, du chouchoutage recherché de la casse suite aux séchages intensifs ? Bref ! Il faut souffrir pour être belle !


Heuuuu, un peu de douceur dans ce monde de brut !


Après ce moment de mauvaises énergies, j'ai repris la place initiale que j'avais, celle de tresser Amina, qui voulais des knotless braid. Ce sont des natte libres qui démarrent avec les cheveux uniquement, et dont on rajoute les mèches au fur et à mesure pour maintenir la nattes épaisses. Elle les voulais moyennes jusqu'au bas du dos.


Avant de faire le premier tracé, j'ai demandé à Amina si ça irait. Elle m'a dit que "oui" malgré les dernières larmes qu'elle était encore en train d'essuyer, en rajoutant : " les larmes coulent seules maintenant" et que dès qu'elle se mettait à pleurer, elles ne s'arrêtaient pas si facilement, et elle continuait encore à se justifier. Nous avons échangé des regards, détresse-compassion, un petit sourire, deux petites minutes de massage sur son cuir chevelu chose que l'on ne fait jamais dans ce salon et je l'ai vu se détendre. Alors j'ai pris mon pic et j'ai démarré le premier tracé en veillant qu'aucune traction ne survienne, même sans faire exprès. Je sentais les autres coiffeuses m'observer, l'air de dire "qu'est ce qu'elle fait la nouvelle ?"


Pendant le tressage, nous avons un peu discuté. Je me suis excusée auprès d'elle pour ce démêlage acharné de ma collègue, et lui ai dit que moi aussi j'étais outrée de cette façon de faire. Elle me répondit : " je sais, je le voyait à votre regard de soutien et de compassion que vous avez posé sur moi tout le long du séchage de mes cheveux.

Amina m'a ensuite demandé si j'étais nouvelle, je lui ai répondu que "oui". Et oui, les nouveau, on les reconnais rapidement, surtout si les anciens aiment bien flatter leur égo en démontrant leur maîtrise, leur supériorité. Vous faisiez quoi avant ? M'a-t-elle demandé. Je lui ai expliqué mon travail autour des ateliers que j'organise pour mieux gérer les cheveux naturels afro. " C'est super !" Me dit-t-elle .

Nous ne pouvions pas trop parler non plus, de peur d'être démasqué de notre "complot" Alors par moment on s’arrêtait de parler, je m'assurais juste que tout allait bien en le lui demandant régulièrement. Elle avait retrouvé son sourire et peut-être une confiance éphémère. En tout cas pour l'heure, elle semblait être bien mieux traitée, par la "nouvelle" : traitement adapté à sa chevelure, j’avançais les tresses avec des énergies un peu plus positives et beaucoup de bienveillance.


Que penses-tu de la coiffeuse du salon et de ses agissement ? Une méditation s'impose sur les responsabilité des chacune...


En tout cas, je vais te laisser pour le moment sur ces mots, et espère que tu a apprécié la lecture de ce 2e épisode de "Souffrir pour être belle" Avec Amina.


Prends soin de toi et de ta chevelure avec amour et bienveillance. Ne laisse personne te les maltraiter, refuse "de souffrir pour être belle" et repars, cela obligera les salons à s'adapter, car les femmes viennent se faire chouchouter et non se faire maltraiter les cheveux.


Amina sera-t-elle satisfaite de ses tresses ? Reviendra-t-elle se faire tresser dans ce salon ? Pour le savoir, clique sur l'épisode 3 ? N'hésite pas à partager l'article, à laisser un témoignage, un commentaire, ça me ferait plaisir de te lire.


*PS : le prénom de la cliente a été modifié pour garder l’anonymat de celle-ci.

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